En 1985, suite à une éruption volcanique en Colombie, Omayra Sanchez, fillette de treize ans, est coincée dans une coulée de boue et de débris. Elle décède d’hypothermie et de gangrène après trois jours de souffrance sous les flashs des reporters. Personne n’a pu la sauver. Ce souvenir tatoué dans le cœur, la comédienne et autrice Jeanne Dandoy déplore que notre petit territoire révolutionnaire se résume à un bout de mur virtuel où hurler notre colère, où dresser la liste des choses à bannir, où publier des pétitions en ligne.

Cassandre, le personnage de ce singulier spectacle multimédia, se prépare à mettre au monde un enfant. Cette nouvelle responsabilité si lourde de sens la confronte à sa propre impuissance et la pousse dans ses derniers retranchements, aux confins de la folie. Elle décide de mettre fin à ses jours. Dans ce bref instant où la vie quitte son corps et celui de son enfant, des pulsions de vie aussi impromptues qu’effrayantes la secouent et tentent de l’arracher à ce tragique destin. Dans ce voyage mental et poétique, Cassandre rencontrera plusieurs fantômes, doubles d’elle-même, figures du passé, du présent et du futur, qui l’aideront à tracer sa voie, à survivre. Une descente en soi-même, en amour, humour, poésie noire, vidéos, chanson, évocations sonores.

Nous vivons dans un monde où tout savoir est à portée de clic de souris, où nous pouvons tout connaître de notre voisin de l’autre côté de l’Atlantique sans l’avoir jamais rencontré, où la somme des problèmes mondiaux ne nous est pas inconnue… sans pouvoir rien y changer. Cette accessibilité n’est-elle pas là d’avantage pour nous paralyser que pour nous pousser à agir? Quelle est notre part de responsabilité?

Quelles sont les frontières de liberté quand la terreur s’invite dans les foyers?

Dans cette époque en manque de spiritualité, quelles sont les réponses que nous, citoyens du monde, nous tentons d’apporter à notre impuissance? Religion? Science?

Militantisme forcené sur les réseaux sociaux? Comment dépasser sa peur, cette peur qui «tue l’esprit», pour se réinventer un futur possible, joyeux et tout simplement humain?

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Extrait

CASSANDRE : Ma mère ne m’a donné aucune arme. Elle m’a jeté bas, et c’était assez bien, voilà. Débrouille-toi, c’est le monde, je te l’offre sur un plateau d’argent, ta vie en cadeau, cela ne te suffit pas? Et moi je ne savais rien. Ni comment fabriquer un bateau, ni comment les planètes se sont formées, ni même encore comment on embrasse un garçon. Moi rien, elle tout. Avant moi, elle avait tout fait, entendons, tout ce qu’il y avait de bien. L’amour, la révolution, la création, l’écologie, le féminisme… Pour elle, nous, les enfants des enfants de ’68, nous étions des bourgeois dès la naissance, gâtés dans l’oeuf. Nous étions trop beaux trop propres et surtout nous étions dans le chemin entravant leur liberté. Et puis elle s’est lancée dans la publicité. Joyeusement, avec l’innocence d’un petit enfant qui ne sait pas qu’il est nu, elle a prostitué son âme. Elle a gagné un peu d’argent en exhibant les corps de femmes nues pour vendre du dentifrice, en exhibant les corps d’hommes musclés pour vendre du soda, en exhibant les corps de bébés mignons pour vendre de la poudre à lessiver. Exhiber/vendre, c’était le binôme gagnant. La pornographie ambiante sympathique. Et c’était confortable pour elle, et aussi pour moi. J’ai fini par trouver le féminisme ringard, l’écologie barbante, la révolution dépassée, l’amour mort. Elle disait «La peur tue l’esprit, ma fille. La peur tue l’esprit». Mais j’avais toujours peur (…)

Teaser

Présentation

Univers sonore

Cassandre/Chanson/texte Jeanne Dandoy/Compo Olivia Carrère/arrangements Guillaume Istace

« Dans ce seule en scène, Jeanne Dandoy analyse à travers une vision très personnelle, voire intime, les limites de notre influence sur le monde. “Hasta la Vista Omayra”, c’est le cri d’une conscience vive de nos impuissances et une interrogation de notre volonté et liberté d’action dans la réalité du monde. »

Mélanie Noiret, L’Echo, 24 février 2015

« Avec Hasta La Vista Omayra, Jeanne Dandoy donne une voix et par là un visage à l’angoisse qui paralyse en grande partie sa génération, les enfants des soixante-huitards emplis de désillusions, un bras levé, l’autre pendant. Hasta La Vista Omayra est un beau projet théâtral à propos de la naissance et de façon réciproque : Hasta La Vista Omayra rend à la naissance le titre du plus beau spectacle ou du plus grand projet de l’humanité. Plus qu’un appel à la mort, c’est un appel à la vie comme un souffle hors d’une baignoire. »

Maud Christiane, Le Suricate Magazine

Crédits

Texte, mise en scène et interprétation
Jeanne Dandoy

Assistant à la mise en scène
François Bertrand

Création vidéo
Lionel Ravira

Chef opérateur
Florian Berutti

Scénographie
Vincent Lemaire

Création son
Guillaume Istace

Composition musique chanson
Olivia Carrère

Création lumière
Xavier Lauwers

Création costume
Emilie Jonet

Création maquillage
Marie Messien

Interprétation vidéo
Léna Piazza

Voix off
Vincent Hennebicq et Isabelle Pajot

Déléguée de production
Leïla Di Gregorio

Attaché de diffusion
Matthieu Defour/Théâtre de Poche

Régie plateau
Antoine Moors

Confection costumes
Myriam Simenon, Agnès Brouhon, et les Ateliers du Théâtre de Liège

Confection décor et accessoires
Marie-Claire Dardenne, Eddy Niejadlik et les Ateliers du Théâtre de Liège

Stagiaire son
Noam Rzewski

Stagiaire scénographie
Clémentine Ribal

Production
Seriallilith, en coproduction avec le Théâtre de Liège et le Théâtre de Poche, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Direction générale de la Culture, Service général des Arts de la scène, Service Théâtre.

Information