Une femme accomplit une série de tâches ménagères dans une urgence inexpliquée. Serait-elle
surveillée ? Dans la pièce adjacente, on entend les manifestations d’agacement d’un homme qu’on
ne verra pas. Depuis un baby-phone, on surveille le sommeil d’un bébé à la respiration régulière.
La femme prépare un sac, qu’elle défait à la hâte, entendant un bruit. Elle se couche avec une lime
à ongles sous son oreiller. L’enfant pleure. Elle se lève. Le bébé se rendort. Elle ne dort plus. Elle
se débat avec ses démons invisibles. Visitée par une bonne fée, elle s’habille comme pour partir en
guerre. Car il faut partir, emporter l’enfant et fuir sa vie. Fuir celui qui pourrait les tuer et qui dort
dans la pièce à côté… Fuir et rejoindre une contrée plus douce, lumineuse, pleine de promesse et
d’espoir, le pays des Sorcières Libres…


Thriller poétique et chorégraphique pour une actrice-danseuse, un acteur-danseur-chanteur, un
enfant et quelques surprises, « Merveille », c’est l’histoire d’une résilience solaire, le trajet d’une
mère qui extirpe son enfant des ténèbres pour les ramener, elle et lui, à la lumière d’une journée
douce et, enfin, sereine.

Intentions

En ce moment vous êtes probablement assis dans une pièce, ou un transport en commun. Il y a peut-être d’autres personnes près de vous. Des femmes peut-être. Regardez-les. Parmi elles se trouvent d’autres comme celle dont nous racontons l’histoire. Beaucoup d’autres. On ne parvient à les dénombrer. Elles, souvent, ne se dénoncent pas. Ne se visualisent pas comme telles. Victimes de violences conjugales. Il n’y a jamais eu de coup. Pas de blessure, peut-être. Mais… Ce sont vos voisines, amies, vos sœurs, vos mères, vos (ex)femmes, vous… Voyez-vous des enfants ? Parmi eux aussi…

Depuis #Metoo, le monde occidental semble découvrir que naître/être femme (que l’on se vive comme telle ou pas) est compliqué. La liste des thématiques que déroule le tapis rouge de cette « découverte » ne cesse de s’allonger, à l’infini. Oui, il difficile de naître et/ou sevivre femme dans une société encore largement régie par des lois, des institutions, des schémas comportementaux patriarcaux. Les femmes ont « balancé leur(s) porc (s) », et du ménage a été entrepris, notamment dans le monde du cinéma, pour assainir les rapports de domination, certes. La petite portion du monde qui confère des droits à la moitié de l’humanité semble lentement se diriger vers l’idée qu’en effet, « non » veut bien dire « non » bien qu’il soit parfois difficile à prononcer. Tout cela semble donc plié, accepté, presque digéré… Presque ?

Dans notre pays, le nombre quotidien des violences conjugales et intrafamiliales ne diminue pas. Ces situations dramatiques ont explosé durant le confinement, rendant la survie - mentale et parfois physique - des femmes et de leurs enfants, plus problématique que jamais dans notre histoire récente. Et pourtant, faute de moyens, les plaintes continuent d’être classées sans suite. Dans notre pays, la violence physique est un délit. La violence psychologique est un délit. Le harcèlement physique, psychologique, sexuel sont des délits. Dans les faits, ils sont très rarement poursuivis par la loi, et encore moins souvent suivis d’une sanction. Cela équivaut donc, de fait, à un permis de harceler/violer/violenter pour les hommes dominants, lorsqu’il s’agit du rapport qui les unit à leur(s) (ex)-compagne(s). Mais au fait, pourquoi ces victimes, en sont-elles ? Étaient-elles prédestinées ? Quel est le lien qui les a unies à leurs agresseurs, outre l’amour qu’elles pouvaient leur porter ? Pourquoi ce lien s’avère-t-il si peu destructible mais si destructeur ?

Merveille ne se penche pas sur le processus long de domination, mais sur la libération d’une femme. Seule dans son environnement domestique, celle-ci accomplit des actions quotidiennes, banales, ingrates. C’est son parcours à elle que suivent les spectateurices. Mais un homme est présent, hors champ. On entend, on voit, ressent la présence d’un bébé puis d’un enfant, de plus en plus présent.e au fil de l’histoire. Une bonne fée aide l’héroïne à prendre les bonnes décisions, parce qu’on ne peut s’extraire de l’enfer dans une parfaite solitude.

THEATRE SANS PAROLE

Ne pas exprimer par la parole ce qui trop souvent est tu, ce qui est au-delà des mots, ce qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique s’est très vite imposé aux prémices de l’écriture de cette pièce. Précisons que ce sont les violences psychologiques qui semblent traumatiser davantage les victimes, et non les violences physiques, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Or, cette violence psychologique empêche de dire, bloque les mots, « confusionne ». C’est de cela, aussi, que tente de témoigner, éprouver, donner à ressentir, Merveille, par son absence de mot. En ce sens, Concert à la Carte de Franz Xaver Kroetz a été une source d’inspiration, bien que notre narration s’oppose au réalisme et que notre fin s’insurge contre la mort…

Extrait

“J’ai longtemps fui. Les pieds comme de la corne à force de marcher. Il n’y avait d’ombre assez vaste pour abriter mon enfant, mon chagrin et mon corps froissés.

Le monde semblait trop petit. Je n’avais ni colère ni rage. Juste un instinct de survie chevillé au corps. Tenir encore. Jusqu’à l’aube. Regarder le soleil se lever et espérer, encore, une nouvelle journée sans la peur. Une journée sans la rage propulsée contre soi. Un nouveau jour sans haine, sans lui, sans ses yeux noirs. Puis, le coeur a moins hoqueté. Les apnées ont cessé. Et l’air a retrouvé le chemin des poumons.

Il n’existe aucun remède à la terreur. Aucune échappatoire à l’emprise sinon retrouver des bouts de soi jetés çà et là. Un puzzle hagard. Une vie en miettes. Et puis des petites mains qui deviennent grandes. Des sourires, des éclats, des battements de cil dans le cou, des petits pieds froids blottis au creux des genoux, des tartes aux pommes ratées, des chansons éculées.

Je dirai mon histoire. Je la chanterai. A travers les murs, à travers les ans, à travers les nations et les peuples, à travers les visages et les mots, dans le silence des vivantes et des mortes. Je dirai. Et je serai encore soleil et joyaux et lumière et ombre sidérante et joie pure et silence audacieux et merveille.”

Crédits

Ecriture, dramaturgie et mise en scène 
Jeanne Dandoy

Assistanat à la mise en scène et à la dramaturgie
Judith Ribardière

Chorégraphie, effets spéciaux, voix off
Jos Baker

Création son
Harry Charlier et Maxime Glaude

Création scénographie
Amber Vandehoeck assistée de Charlotte Hermant

Création costumes et maquillages
Emilie Jonet

Confection costume Fée
Nicole Morris

Création Lumières
Maria Dermitzaki

Régie générale
Nicolas Oubraham

Interprétation (en cours)
Jean Fürst, Amandine Laval,

et

Armenouhi Afsar, Malika Aziz, Sebastien Boon, Jacqueline Crabbe, Patrick Delandtsheer, Guy Desmet, Justine Droeven, Nicole De Schrevel, Rashad Soufi, Daniel Woit, ET en alternance Blanche Falaise, Nikitas Schraenen, Melina Schraenen, Jeanne Stekke

Production et diffusion
Valentine Siboni

Construction décor
Ateliers du Théâtre de Liège

Prise de vue intégrée à la scénographie
Margot Op de Beeck

Photos de plateau et teaser
Hubert Amiel

Captation spectacle
Julien Stroïnovsky

Coach chansigne
Seda Guektasch

Stagiaires mise en scène
Marion D’Hainaut & Héloïse Trioen

UN SPECTACLE DE LA COMPAGNIE SERIALLILITH, en COPRODUCTION avec le Théâtre des Martyrs, le Théâtre de Liège, La Coop & Shelter Prod Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Administration générale de la Culture, Service général de la création artistique, Direction du Théâtre, de Tax Shelter.be, ING et du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge.
Avec l’aide de la Cie MAPS / Résidence d’écriture Enfants admis, en partenariat avec La Chaufferie, la SACD et le Centre des Ecritures Dramatiques.

Photo: copyright Hubert Amiel.

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Teaser

Jeanne Dandoy prend le pari de ne jamais montrer le visage de l’agresseur. La mise en scène suggère sa présence et rend palpable son emprise. “Merveille” est un spectacle tout en tension qui s’ouvre sur des lendemains sereins.

François Caudron 09/02/2023 RTBF

Une grande pièce avec comptoir, placards, plusieurs portes. Au milieu un fauteuil vermillon, au sol quelques jouets. Ce pourrait être le décor réaliste d’une comédie de boulevard. Sauf que là, une fée surgit, chauve et barbue, qui d’un coup de baguette redresse la silhouette qui gisait au sol. Celle-ci s’anime et, bientôt, on comprend que l’action se rembobine en marche arrière. On remonte le fil des gestes méthodiques accomplis par cette femme.

C’est la première et saisissante surprise de Merveille, un traitement singulier, ciné- chorégraphique, de la présence. Une étrangeté diffuse, presque un malaise, s’infiltre dans chaque instant que dure cette captivante introduction où d’emblée s’illustre le talent d’Amandine Laval, actrice-danseuse, et de Jean Fürst, acteur-danseur-chanteur.

Marie Baudet, La Libre Belgique, 10.02.2023

“C’est l’histoire d’un féminicide qui n’a pas lieu. C’est l’histoire d’une grande victoire”, déclare Jeanne Dandoy à propos du chemin accompli par son héroïne, qu’elle propulse ensuite dans un avenir où la toxique cellule conjugale a fait place à l’oxygène d’une communauté choisie, allégorique et débridée.

Marie Baudet, La Libre Belgique, 10.02.2023

La violence conjugale et interfamiliale retient de plus en plus l’attention du public et à juste titre. La compagnie Seriallilith a su l’aborder en affutant nos sens. Nous avons pu toucher un instant ce contexte anxiogène, nous glisser telle une ombre au côté de la jeune femme. Sentir l’adrénaline monter quand la porte s’ouvre enfin, écouter les bruits aux alentours et fuir avec elle.

Maud Quertain, Le Suricate, 12.02.2023

Une magnifique mise en scène compense la quasi absence de parole. Le silence entrecoupé d’une respiration saccadée ou de chansons interprétées avec brio par Jean Fürst (la fée) fait écho aux victimes privées de paroles.

Zhen-Zhen Zveny, La Capitale, 13.02.2023

Ce thriller poétique et chorégraphique nous emmène de façon bouleversante sur le trajet d’une mère qui s’extirpe avec son enfant des ténèbres pour accéder à la lumière d’une journée douce et enfin, sereine. Il nous raconte la résilience d’une “mère veilleuse” (jouée par Amandine Laval), accompagnée par une bonne fée (jouée par Jean Fürst). “Mère veilleuse”, en clin d’œil sorore à l’asbl du même nom et qui regroupe des mères qui veillent… des “merveilles”. L’héroïne est à l’image des témoignages audio recueillis précieusement auprès de femmes survivantes, ayant sauvé leurs enfants des violences (ces témoignages sont mis à disposition du public, à l’entrée de la salle de spectacle). Merveille nous emmène dans un voyage sensoriel qui touche à un nouveau genre scénographique ! Innovant au théâtre, ce réalisme magique nous rapproche des émotions et des sensations d’une mère qui accomplit une série de tâches ménagères dans une urgence inexpliquée…

Sarah Dufey, Axelle Magazine, 14.02.2023

Merveilleest un huis clos muet écrit et mis en scène par Jeanne Dandoy, dans lequel le spectateur est emporté dans la descente aux enfers d’une mère sous le prisme de la violence conjugale. Une valse horrifique et fantastique où le réel nous glisse des mains ; une fuite vers l’avant poignante, rythmée d’angoisse et de terreur.

Jérôme Warichet, Karoo, 27.02.2023

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