
Else a quinze ans. Un âge tendre, si tendre qu’il peut la désigner comme proie à croquer, quand la chrysalide devient papillon, et que le corps, en pleine métamorphose, tremble devant le désir ; si tendre entre peur et audace, entre affirmation de soi et incertitude, quand les rêves sont grands, les excès tentants, le danger invisible, et que les fables qu’on s’invente, se heurtent avec fracas au monde des adultes.
En vacances avec sa tante, dans un palace fréquenté par des célébrités, Else rêve de cette vie de luxe qu’elle ne connaît guère. Sa mère l’enjoint d’aider son père, revenu au bercail après deux ans d’absence, à réunir une grosse somme d’argent pour lui éviter la prison. Comment faire ? La mère suggère à sa fille de demander à Von, un acteur adulé résidant dans le même hôtel. C’est une vieille connaissance de la famille. Adolescente en mal d’affection et d’attention, Else, qui cherchait tant le regard, devient la proie de désirs qui la dépassent. Ne doit-on voir dans l’adolescente à la recherche d’elle-même qu’une apprentie séductrice ? Ou bien une jeune fille peu armée face à la violence de l’adulte ? À quinze ans, on a peut-être le corps d’un adulte, mais on est encore une enfant… Nabokov, l’auteur du célèbre Lolita, décrivait son héroïne comme une enfant apeurée, abusée par un adulte pervers, et non une séductrice diabolique. Dans cette réécriture de Schnitzler à l’heure du #metoo, ce sont les questions du consentement, de l’emprise et de l’abus de pouvoir qui sont examinées de plus près.
L’adaptation
Notre adaptation se concentre sur le jeune âge d’Else. Elle focalise sur une période si délicate de la vie d’être humain : l’adolescence. D’une part, parce que cet âge est malheureusement le terreau de prédilection « idéal » pour les prédateurs sexuels, ensuite parce qu’un.e enfant peut plus particulièrement être soumis.e à la domination de ses parents. C’est un âge charnière, où l’on se croit déjà grand.e, où l’on a parfois déjà le corps d’une personne majeure, mais où l’on n’est pas encore armé.e pour affronter la vie, les diverses tentatives d’abus, ou la violence du monde des adultes.
Outre la thématique de l’abus de pouvoir, le spectacle traite aussi de la question du consentement, au cœur des récents débats liés à l’affaire Springora/Matzneff. Quelle est la valeur du consentement d’un.e mineur.e ? Le rôle d’un.e adulte n’est-il pas de protéger un enfant (fusse-t-il un grand enfant) de lui-même, de ses pulsions, de ses désirs potentiellement dangereux ou inappropriés ?
Nous interrogeons aussi la « banalité du mal ». Comme le disait Adèle Haenel, il n’y a pas de monstres… Ceux qui commettent ces abus de pouvoir sont nos pères, nos frères, nos amis…
Cette mise en scène, s’articule autours du désir d’émancipation, d’être adulte, pour un.e adolescent.e, du refus de la domination masculine, du besoin d’être regardé.e., et enfin, de la cruauté d’un monde où tout s’achète, même la pudeur et les rêves d’une d’une enfant.
Extrait
DORSDAY : Avez-vous déjà fait l’excursion sur le Mont Cimone ?
ELSE : Non. Vous allez me sermonner ? L’air est vraiment comme du champagne là-haut ?
DORSDAY : Je ne sais pas. (Un temps) Pour tout vous avouer je n’y suis jamais allé ! (Un temps) Comme cela doit être lassant de passer ses vacances entourée de gens si insipides, comblés, blasés et si imbus de leur personne qu’ils ne s’intéressent à rien d’autre qu’à leurs petites affaires, la marque de leur sacoche ou savoir quelle chaussure assortir à quelle cravate.
ELSE : Toujours plus intéressant que d’être chaperonnée par ma vieille tante et mon cousin.
DORSDAY : Je vous imagine au contraire avec une vie intense, passionnante ! Quel âge avez- vous ?
ELSE : Quinze ans.
DORSDAY : Quinze ans ! Comme la vie est fraîche, énergique et toujours surprenante à quinze ans. Bien sûr, souvent on a envie de vivre et mourir tout à la fois…
Teaser
Captation
Univers sonore
Thème Else/compo Harry CharlierThème Dorsday Party/compo Harry CharlierArmy of Me/Compo Björk/chant Epona GuillaumeCrédits
TEXTE
Jeanne Dandoy, d’après le roman d’Arthur Schnitzler avec l’apport dramaturgique de Lionel Ravira
JEU
Epona Guillaume, Alexandre Trocki
MISE EN SCÈNE
Jeanne Dandoy
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE
Judith Ribardière
DRAMATURGIE & CRÉATION VIDÉO
Lionel Ravira
SCÉNOGRAPHIE ET LUMIÈRES
Arié Van Egmond
CRÉATION COSTUMES & MAQUILLAGES
Emilie Jonet
CRÉATION SONORE
Harry Charlier
VOIX OFF
Jeanne Dandoy
RÉGIE GÉNÉRALE
Nicolas Oubraham
CONSEIL PRODUCTION SERIALLILITH
Manon Faure
CONSTRUCTION DÉCOR
Didier Rodhot
UN SPECTACLE de SERIALLILITH
COPRODUCTION
Atelier Théâtre Jean Vilar, Théâtre de Liège, La Servante & DC&J Création. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles-Direction générale de la Culture, Service général des Arts de la scène, Service Théâtre, du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge et d’Inver Tax Shelter.
En partenariat avec le Théâtre des Martyrs.