Extrait

“Je parle non seulement de fantôme esthétiques, de fantômes dans les récits, bien sûr, de pures fictions, mais aussi des fantômes qu’on se trimballe tout au long de sa vie. Vous en avez, vous, des fantômes ?”

 

Pitch

 

Le public est convié à l’enregistrement live d’un podcast. Un dispositif d’apparence simple et confortable, au présent. Une journaliste y interviewe une réalisatrice de cinéma de genre, autour du mythe de Frankenstein et de sa brillante autrice, Mary Shelley. D’un point de départ très concret dans une forme très réaliste, l’histoire glisse progressivement vers un réalisme magique, confrontant les protagonistes à leurs propres fantômes. Le public fait donc partie du dispositif.

L’histoire

 

Une réalisatrice en vogue accepte une invitation à enregistrer un épisode d’un podcast en public, malgré ses réserves sur le contenu trop militant à son goût. La journaliste vive, drôle et engagée, est connue pour son sens de la répartie. L’enregistrement, qui se déroule dans une salle de spectacle, fait partie d’une série d’autres capsules visant à mettre en avant les femmes dans la littérature via des figures célèbres. Celui-ci tourne autour du mythe de Frankenstein sur lequel la réalisatrice vient de réaliser un film. Le podcast commence à peine quand arrive l’enfant de la réalisatrice, déposé par son père de manière abrupte. L’enfant, envoyé en coulisses, réclame sa mère, cherche du réconfort, fuit la solitude, l’obscurité des coulisses et le silence des loges. La journaliste est aussi bavarde que la réalisatrice est taciturne. La première n’hésite pas à pousser la seconde dans ses retranchements, à la recherche d’une vérité qu’elle-même ignore mais qu’importe, car selon elle, la vérité est utile à partager, la création intense, et les femmes gagneront toutes à s’unir. La réalisatrice ne se souvient de rien, nie, cherche à éviter ses fragilités et se retranche dans des réflexes professionnels. C’est à ce moment que surgit le premier fantôme, signe d’une intranquillité manifeste. Des bribes d’un passé qu’elle avait cherché à enfouir reviennent hanter une femme au bord d’un gouffre qu’elle semblait ne pas voir jusque-là, dans un corps qu’elle avait cessé d’habiter.

Nos fantômes nous hantent-ils toute notre vie? Nos corps portent-ils les cicatrices de nos rencontres ? Sommes-nous condamné.e.s à revivre toujours les mêmes scénarios? Nos enfants héritent-ils de nos blessures mal cicatrisées?

Dans un dispositif simple de prime abord, le spectacle, confronte deux femmes piégées dans une simili-réalité aux accents de cauchemar, deux versants d’une même médaille, agissant chacune comme révélateur vis-à-vis de l’autre. Ni documentaire, ni comédie, ni drame, ni farce, ni thriller, ni fresque poétique et tout à la fois, ce spectacle explore nos hantises, nos failles d’adultes tiraillé.e.s entre nos responsabilités professionnelles et familiales, nos blessures initiales et nos catastrophes imminentes.

Biographie de la peur

 

Une goutte d’encre dans en verre d’eau en trouble le liquide à jamais. Notre passé, notre enfance en tout premier lieu, notre famille, nos divers lieux d’apprentissage de la vie la marquent définitivement, en bien, en mal. La famille est à la fois le premier lieu de maltraitance et … d’amour. Afin de tenter de définir le plus délicatement possible notre recherche, nous proposons de préciser ce qu’elle ne sera pas, afin d’éviter d’éventuels malentendus.


Nous ne créons pas un spectacle sur le monde du théâtre, même s’il évoque le milieu du travail et la possibilité d’y être parent et épanoui.e.s (enfants comme parents), sans se couper du merveilleux de l’enfance, si éphémère mais aussi de ses responsabilités d’adulte. Nous ne créons pas une oeuvre qui propose une vision du monde du travail comme déshumanisant/déshumanisé, même s’il peut l’être, mais nous traduisons un mal-être au sein de celui-ci lorsqu’il paraît peu adapté aux besoins, oppressif et sujet à la domination des forts sur les faibles. Nous n’exposons pas une thérapie aux yeux du public, mais espérons
favoriser une catharsis potentielle de l’audience. Nous ne proposons pas une œuvre autobiographique, mais, comme dans toute œuvre « vraie », il s’y trouve des pépites de vérités arrangées.

Notre spectacle est une matriochka en dentelle, soie et filaments dont les thématiques ne se dérouleront pas comme un programme informatisé carré. Il s’inspire, aussi d’une Alice in Wonderland, un voyage intérieur construit comme une autobiographie de la peur. Il démarrera dans une simplicité maximale mais s’autorisera à travers des images simples, produites par la lumière et les costumes, à déployer une grammaire poétique picturale aux références intenses (Lynch, Gondry, Bacon, et beaucoup d’autres artistes plasticiens…). En propageant la confusion dans le réel, il introduira le doute sur l’histoire proposée en dévoilant les questions implicites.

 

Intentions / résilience

 

Le spectacle traite de la résilience comme possibilité d’être au monde, dans un mouvement joyeux, actif, sensible, poétique. Il est conçu comme une boîte à tiroirs et à sujets. Plus on croit trouver, plus on ouvre de tiroirs, et plus il en reste. Petits sujets… Oui, nos hantises, nos sujets intimes, nos secrets, que sont-ils face aux catastrophes de notre époque? De petits sujets… Rien de plus? Ne déterminent-ils que nos actes seuls? Ne sont-ils le symptôme de rien d’autre? A l’origine de rien d’autre? La conséquence d’un système familial seul ?

Mais aussi, quelle aurait pu être notre vie si nous n’avions pas rencontré « le(s) loup(s) » ? Quelle aurait été notre existence si nous n’avions été victime d’aucune de ces stigmatisations, si aucun trauma n’avait entaché notre parcours de vie ou professionnel ? Quels sont, face à l’adversité, les choix que nous faisons ? Sont-ils guidés par notre seul libre arbitre ? Ne sommes-nous que nos choix ? Nos non- choix ? Tout est-il joué d’avance en fonction de notre sexe, notre couleur de peau, notre poids, la validité de notre corps, etc ?

Ce spectacle fait partie de notre « Cycle de la peur » comprenant aussi “Merveille” et “Jamais Plus”.

Il sera précédé et accompagné (irl) d’un réel podcast.

Qu’y a-t-il de plus effrayant que d’affronter ses propres fantômes?

 

Crédits

Ecriture
Jeanne Dandoy et Myriam Leroy

Dramaturgie et mise en scène 
Jeanne Dandoy

Assistanat à la mise en scène
Johanne Pastor

Chorégraphie, effets spéciaux
Jos Baker

Création son
Olivia Carrère

Création costumes, marionnettes et maquillages
Emilie Jonet

Création Lumières
en cours

Création scénographie
en cours

Régie générale
en cours

Interprétation (en cours)
Jessica Gazon, Nancy N’kusi,…

Production
Jenifer Rodriguez Y Flores

UN SPECTACLE DE LA COMPAGNIE SERIALLILITH

Copyrights galerie photos:

Photo de Myriam Leroy: Romain Garcin

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